lundi 30 août 2010

promus aux promis (deuxième partie) Arles-Avignon


Le 21 août, je suis encore sur une île, mais cette fois-ci c'est la Sicile, c'est les vacances, c'est deux adultes et trois enfants par scooter.
J'adore l'image de cette humanité cramée par le soleil, mal installée dans cette nature forte et hostile. Cette humanité je m'en foutiste parce qu'elle sait qu'elle est seulement de passage et que le combat est perdu d'avance mais inexplicablement droite et solennelle, comme si elle était là pour l'éternité. Des puces sur le dos pelé d'un gros chien. Et des graffitis d'amour partout.
 Victoire 2-1, buts de Braaten et Didot.
J'apprends le résultat par téléphone. Je suis à Syracuse, je déguste une granita fragola en terrasse après m'être envoyé quelques arancini fondants. Des petites enceintes crachent les commentaires surexcités d' Inter-Roma en Supercoppa. Difficile de partager mon contentement, supporter seul garé en double file dans la chaleur lancinante de la nuit sicilienne qui commence.
But de Braaten, donc...
Ce cher Braaten que beaucoup souhaitaient voir déguerpir après sa saison molle, passée à traîner ou à finir rigolard bras-dessus bras-dessous avec les vainqueurs les soirs de défaite. Bien sûr, l'image peut décevoir mais ce type est un des milieux les plus surpuissants de la ligue 1 en plus d'être souriant et frisé (sa photo de fiche sur l'equipe.fr en fils caché d'Art Garfunkel et Don Diego de la Vega nous oblige à trouver ce type sympa).
Aujourd'hui, à la satisfaction générale, il se rachète une conduite comme pas mal de ses coéquipiers à qui Casanova a demandé de "dépasser leur rôle et majorer leur apport à l'équipe." C'est exactement ce qu'il se passe.  Capoue et Tabanou marquent contre Nancy (victoire 2-0). Tout le monde s'y met, dans la joie et en équipe. Bientôt c'est Congré ou Gunino voire Valverde qui marqueront. Annoncé compte double.
La saison commence sur les chapeaux de roue et je ne sais même pas à quels matchs je pourrai assister. Déjà deux ratés. Idem pour celui à venir, TFC-Saint-Etienne, je serai à Berlin...
C'est un peu injuste. La saison passée je me suis cogné pas mal de rougnes et avec le sourire en plus. Même quand tout le monde décampait à 5 minutes du coup de sifflet final parce qu'on venait de prendre le but de la défaite, beh moi je restais dans les tribunes. J'en perdais pas une goutte. Je ne crois pas avoir rêvé d'égalisation dans ces moments-là. C'était par pur plaisir d'être là, même si c'est pour gueuler.
Parce qu'être dans un stade et assister à un match de foot, ça ne ressemble à rien, c'est pas très long et c'est pas tous les jours. J'imagine que quand j'aurai 20 ans de Stadium derrière moi, je serai un poil plus exigeant sur le spectacle proposé.
Ce qui aura été franchement pénible en cette fin de mercato, c'est-à-dire la fin de ce calvaire long comme un jour sans pain pendant lequel on nous sert tout et son contraire pour remplir l'été et vendre un peu de papier, pénible donc les épanchements impudiques de notre Dédé au sujet de son amour fou pour l'Olympique de Marseille...
Marseille est selon lui le "sommet" et Toulouse le "tremplin".
Comment dois-je prendre le fait que je supporte un club que tous ses joueurs aspirent à fuir?
Ne me prendrait-on pas pour un idiot des fois...?
Comment une équipe, quand elle n'a pas d'argent, peut-elle se construire si elle ne peut pas compter sur la fidélité et l'abnégation de son effectif? De plus, je ne pense pas qu'on atteigne un niveau athlétique supérieur avec plus d'argent mais bien avec une plus grosse motivation.
Si demain en me réveillant je ressentais une subite envie de jouer la Ligue des Champions, eh bien je ferais tout pour y amener mon équipe plutôt que quémander auprès des gros clubs une petite place sur le banc. Je sais, naïf que je suis... Je pensais même un moment proposer au club un recrutement uniquement basé sur le code postal du domicile fiscal mais tout à coup j'ai eu autre chose à faire.
Gignac avait une photo de lui en tunique bleue et blanche sur son portable. Il l'a dit. Il faudrait discrètement fouiller tous les mobiles des joueurs pour démasquer les traîtres.



promus aux promis (première partie) Brest

Tout comme la saison passée, je commence celle-ci par une absence,  loin du Stadium. Début août 2009, la première journée contre Monaco, je squatte quelques secondes l'ordinateur d'un ami à l'aéroport de Tokyo pour voir les résultats: un but de Néné, Toulouse dans les choux. Ça commençait mal et maintenant que c'est derrière nous, on peut dire que ça annonçait la couleur. Pourtant le TFC avait Gignac, le meilleur buteur 08/09. Devaient finalement suivre des matchs dominés pour finalement être perdus, une flopée de buts encaissées dans les dernières minutes,  l'Europa League comme un mauvais rêve, l'infirmerie qui ne désemplie pas. Dernière journée 09/10, on retrouve Monaco. Je crois bien m'y être ennuyé ferme. Heureusement Laure était là alors on a papoté. je prenais sans trop d'enthousiasme des photos au zoom, Gignac et son numéro 10 par exemple. Je savais pas encore que c'était la dernière fois que je le voyais en violet au Stadium.
D'habitude je vais seul voir les matchs. Je me place au hasard (en général la faible affluence permet ça) et je me mets entre parenthèses. J'espionne les autres supporters, j'écoute les chants, je marmonne, j'essaie de comprendre les paroles, c'est impossible. Ça résonne, personne ne chante en même temps. C'est une mélasse joyeuse de tambours et de voyelles...
Peu avant le match amical contre Luzenac, j'ai croisé André-Pierre Gignac dans la rue, près des jardins du Capitole. Il était arrêté sur le trottoir, semblait attendre quelqu'un. Je lui ai tendu la main spontanément et lui ai souhaité une bonne saison. Voilà, juste ça. Il avait l'air assez surpris. Ce fut bref, j'ai disparu dans la foule aussi vite que j'en étais sorti. Sans lui avoir donné le temps de comprendre ce qu'il se passait, je rigolais tout seul quelques secondes après en pensant que j'avais peut-être eu l'air d'un prédicateur fou. Question: cela allait-il lui porter chance?
Réponse après sa sortie sur civière contre Brest: allez savoir quel genre de mauvais oiseau je suis. 
Gignac a été "absent" une bonne partie de la saison dernière mais ce qui a le plus porté préjudice à l'équipe c'est le manque d'engagement et parfois le cynisme dont ils ont fait preuve. Les matchs amicaux sont allés dans le sens contraire, volontaires, audacieux dans l'ensemble.
 Pentecôte - 4 buts
Soukouna, Braaten, Machado - 2 buts
Capoue, Didot, Luan - 1 but
La gentille propagande autour de la reprise vient compléter le tableau avec tout un tas de bonnes intentions affichées autour de concepts du genre "humilité" et un élan chevaleresque relayé par plusieurs joueurs violets dans diverses interviews du genre: on a quelque chose à se faire pardonner, cette fois ça se passera pas comme ça.
Le fiasco sud africain n'est pas étranger à tout ça. Le public gronde, le foot amateur gronde, les sponsors froncent les sourcils bref, à partir de maintenant c'est profil bas sur les prés.
J'apprends la victoire 2-0 contre Brest en match d'ouverture par un ami sur internet. Buts de Braaten et Machado. Je suis une nouvelle fois à Tokyo, ma joie est grande et non-dissimulée (mes amis raillent souvent mon soutien indéfectible au Toulouse Football Club. Les occasions de frimer ont été rares l'an passé alors je ne boude pas mon plaisir).
Ici, la coupe du monde 2010 lèche ses blessures dans des magasins de sport surchargés d'images glorieuses de l'équipe nippone et, comble de la classe, on y trouve aussi des t-shirts Footix flambant neufs pour une outrageuse cinquantaine d'euros. Tokyo n'a plus la place, entre deux bretelles de voies rapides suspendues entre les grattes-ciel, la ville se développe à la verticale et c'est valable pour tout, même les terrains de foot où on informe notre aimable clientèle que les tirs non-cadrés ne sont pas admis dans l'établissement.

Ça me rappelle un truc. J'ai plusieurs fois vu passé des avions au-dessus du Stadium pendant le match et je me disais: "Tiens, ça doit être un point de vue formidable". Sauf que si je suis dans l'avion ça veut dire que je suis pas au match et ça c'est dommage, comme pour TFC-Arles-Avignon par exemple.